lundi 24 septembre 2012

Claude Revel missionnée sur le développement de l’influence française en matière de normes

Claude Revel, experte en influence, auteure de nombreuses publications sur le sujet (dont récemment le livre "La France : un pays sous influences ?"), professeure et Directrice du Centre Global Intelligence & Influence de SKEMA et ancienne membre du Haut Conseil pour la Coopération Internationale auprès du Premier ministre, vient d'être missionnée par la ministre du commerce extérieur, Nicole Bricq, sur le "développement de l’influence française en matière de normes".

Le rapport qui sera remis au ministre fin décembre couvrira au moins 3 aspects (source portail du ministère du commerce extérieur) :
  • "la présence française dans les principales instances de normalisation, professionnelles, multilatérales et privées ;
  • les enjeux des normes dans des accords de libre-échange à venir et en cours tels que l’accord Union Européenne/Etats-Unis, le TransPacific Partnership, des accords avec les pays de la Méditerranée… lesquels fixent une perspective de convergence réglementaire;
  • la prise en compte de nos normes par les bailleurs de fonds internationaux".
Nous vous invitons pour plus d'information à consulter l'annonce sur le portail du ministère du commerce extérieur.

Source et liens :

Conférence sur l'iconomie par Xerfi

L'Institut Xerfi organisait le 19 septembre dernier une très intéressante conférence sur le sujet de l'Iconomie, en présence notamment de Laurent Faibis, président du groupe Xerfi, Jean-Michel Quatrepoint, journaliste-essayiste, Christian Saint-Etienne, économiste, professeur au CNAM et Michel Volle, économiste.

"L'iconomie est le système économique qui permet aux consommateurs, aux entreprises, aux institutions et à l'État de tirer pleinement parti du système technique fondé sur la microélectronique, l'informatique, l'Internet et l'intelligence partagée. Passer de l'économie à l'iconomie, c'est adopter un nouveau modèle de compréhension de l'économie. Ce modèle permet de définir une orientation stratégique pour la compétitivité, la croissance et la renaissance de la France" (source invitation à/présentation de la conférence Xerfi "De l'économie à l'iconomie").

L'institut Xerfi propose via sa chaîne Xerfi Canal de voir et revoir les interventions de 3 participants :
Vous trouverez également sur le blog "Sens & Action", une analyse de Claude Revel sur le sujet de l'Iconomie suite à cette conférence.

Liens

vendredi 21 septembre 2012

Mobile et diffusion de l'information

Problématique de la mondialisation en termes d’accès à l’information

Internet est aujourd’hui devenu un outil fondamental pour la diffusion de l’information, notamment marqué par le développement du web 2.0 qui fournit des plateformes d’échange entre les utilisateurs eux-mêmes. En 2010, on comptait 2 milliards de connectés dans le monde et ce nombre connait une croissance exponentielle depuis les années 2000 (avec un doublement de ce chiffre entre 2005 et 2010).
Pourtant, en termes de connectivité, des inégalités mondiales perdurent, suivant le niveau de développement des pays. La problématique d’accès aux infrastructures est un élément clé de cette inégalité.
Or l’accès à l’Internet est devenu fondamental en ce qui concerne le développement des échanges économiques et la circulation de l’information, et reste donc un facteur de développement. 
La fracture numérique caractérisée par les inégalités d’accès aux technologies informatiques semblent pourtant pouvoir être contrées grâce à la démocratisation d’un outil désormais indispensable : le mobile.

 

L’importance du mobile dans le monde

D’après le rapport "Maximizing Mobile" réalisé par la Banque Mondiale en juillet 2012 et  traitant de la maximisation de l’utilisation du mobile, près de 75 %  de la population dispose d’un téléphone mobile, ce qui représente 6 milliards de lignes actives. En 2000, le nombre d’abonnements à la téléphonie mobile atteignait à peine le milliard.
Un aspect fondamental de ce rapport repose sur les résultats de la répartition des mobiles dans le monde qui dépasse les barrières des inégalités liées au développement des pays. En effet, sur les 6 milliards de lignes actives aujourd’hui, 5 milliards sont ouvertes dans les pays en voie de développement. 

Les pays en voie de développement bénéficient pour la première fois d’un atout majeur pour assurer leur développement en étant mieux équipés que les pays développés en matière de téléphonie mobile, un outil aux multiples potentiels, indispensable à la lutte contre les inégalités, remplissant des rôles d’intégrateur et de développement fort notamment basé sur des services d’accès aux informations relatives à la santé ou aux démarches administratives par exemple.

 

Diffusion de l’information

La révolution mobile n’en est qu’à son commencement. Permettant de passer outre les barrières infrastructurelles, il offre un accès ouvert à l’ensemble de la population mondiale à Internet, notamment.
En termes de services, 30 milliards d’applications avaient déjà été téléchargées début 2012, offrant de multiples solutions à destination des populations grâce au SMS par exemple, afin de recevoir des informations sur les prix des échanges relatif à l’agriculture ou sur des rapports médicaux lors d’une grossesse.
A l’image des événements relatifs au Printemps Arabe, le mobile connecté joue aussi désormais un rôle important en politique et ouvre la voie de l’échange et de la mobilisation des populations en faveur de la liberté et de la défense de leurs droits d’expression.

Source/en savoir plus : rapport "Maximizing Mobile" réalisé par la Banque Mondiale (juillet 2012)

Chartes d’utilisation des réseaux sociaux dans les entreprises

Atteinte à l’e-réputation, chasse de talents, baisse de la concentration et de la productivité voire même fuite d’informations sensibles ou confidentielles l’utilisation des réseaux sociaux au sein des entreprises occupe les esprits.

Preuve en est, la CNIL (Commission Nationale Informatique et Libertés) invite les entreprises à donner à leur collaborateur un droit d’accès raisonnable à Internet et donc aux réseaux sociaux depuis leur lieu de travail. Mais la CNIL invite surtout à adopter une charte Internet ont l’objectif serait de "sensibiliser les salariés ou les agents publics aux exigences de sécurité, d'appeler leur attention sur certains comportements de nature à porter atteinte à l'intérêt collectif de l'entreprise ou de l'administration".

Depuis « L'Affaire » des trois employés licenciés fin 2010 pour avoir dénigré leur employeur sur Facebook les chartes d’utilisation des réseaux sociaux fleurissent dans les grandes entreprises. Nous pouvons y retrouver quatre chapitres récurrents :
  • Principes d’utilisation de base des réseaux sociaux, invite à une attitude globale de réserve et de discrétion. Pour exemple, Dell y précise : « l'utilisation inappropriée des médias sociaux est inacceptable. Celle-ci recouvre notamment : la publication de contenus dénigrant l'entreprise sur des sites de partage d'informations, la publication de commentaires diffamatoires contre des collègues ou des clients sur des forums ou des blogs, et le partage d'informations confidentielles ». 
  • Communication autorisée de l’entreprise sur les réseaux sociaux, ce chapitre donne de la visibilité aux collaborateurs en nommant les services habilités à communiquer au nom de l’entreprise : équipes de communication externe, relations presses, community managers…
  • Entre utilisation professionnelle et utilisation personnelle pose des barrières dont le collaborateur souvent perdu a besoin. Par exemple l'agence de presse Reuters recommande à ses employés de créer deux profils différents s'ils utilisent des comptes Facebook et Twitter : « nous attendons de nos employés qu'ils appliquent des règles d'utilisation des médias sociaux dans leur vie professionnelle différentes de celles qu'ils appliquent dans leur vie personnelle ». Reuters recommande également à ses employés de « limiter au maximum la communication d'informations personnelles sur leur profil professionnel ». 
  • Protection de la propriété intellectuelle : cette section met en lien le devoir de confidentialité que chaque collaborateur se doit de respecter et les informations que l’on peut transmettre sur les réseaux sociaux. Il s’agit de faire comprendre qu’une discussion privée, la non sécurisation de ses données et les échanges sur les réseaux sociaux menacent de la même façon la propriété intellectuelle. Nous trouvons une certaine insistance sur les métiers de la R&D.
De façon générale, les entreprises adoptent une attitude de responsabilisation envers leurs collaborateurs et d’accompagnement au changement. Cisco présente sa charte comme un document « éducatif » dont le but est de « rendre plus efficient les collaborateurs dans leur navigation quotidienne, tout en préservant les intérêt de l’employeur ». La plupart des employés ne savent pas ou n’envisagent pas les dégâts que peuvent causer un tweet, l’énumération de ses missions dans son profil professionnel…

Il est intéressant de voir que cette charte est rarement liée au contrat de travail, c’est-à-dire qu’elle n’a pas de valeur légale en cas de conflit entre l’employeur et l’employé et qu’elle apparaît toujours avec une partie « règles » et l’autre « recommandations ».
L’usage des réseaux sociaux est bien une affaire de responsabilité de chacun.
Sources:

jeudi 20 septembre 2012

Le social engineering est-il roi au royaume du numérique ?

source: www.current.com
Pour obtenir des informations sur les organisations, les attaquants ne se contentent plus d'infiltrer les systèmes d'informations, ils utilisent une méthode ancestrale, le "social engineering" (ou ingénierie sociale en français).
Ce terme englobe toutes les techniques de malveillance qui exploitent les faiblesses humaines dans le but d'obtenir des informations sur une organisation.

Comme nous l'explique le Ponemon Institute, 78% des fuites d'informations en entreprise sont le fait de collaborateurs qui ont accès à ces informations et 95% de ces pertes de données ne sont pas intentionnelles.
On voit donc là les limites des politiques de sécurité des systèmes d'informations, si performantes soient elles.

On le sait, la solidité d'une chaine dépend de son maillon le plus faible hors, dans ce cas précis, l'humain semble tenir ce rôle.
Certes le développement des technologies et la multiplication des réseaux de diffusion ont accru la vulnérabilité des entreprises et la sécurité des systèmes d'informations doit être au cœur des préoccupations stratégiques mais n'appréhender cette mission que du seul point de vue matériel risque de réduire la qualité des résultats escomptés. 

Le social engineering joue sur plusieurs ressorts de la psychologie humaine et utilise tant l'influence que la soumission et la manipulation et ces techniques ont depuis longtemps été étudiées scientifiquement.
Nous pouvons prendre en exemple la notion de "soumission librement consentie" étudiée par Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois dans leur "Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens"(1987) reprenant eux-mêmes la procédure "du pied dans la porte" (1966) de J. Freedman et S. Fraser basée sur la théorie de l'engagement .
Le but est "simple": influencer quelqu’un au point de l’amener à modifier en toute liberté, sans avoir à exercer sur lui de pressions, ni même sans avoir à le convaincre, ses décisions ou son comportement.
Dans  l’expérience de J. Freedman et S. Fraser (1966), par exemple, on proposait aux sujets d’installer, dans leur jardin, un grand panneau publicitaire sur la sécurité routière (comportement attendu). 76 % des sujets ont accepté l’installation de ce panneau après avoir accepté, au préalable, d’apposer une petite affichette du même thème sur leur fenêtre (acte préparatoire), contre 17 % en demande directe.

Les applications au monde professionnel sont courantes, fréquemment malveillantes et les conséquences sont parfois lourdes.
Tous les outils de communication peuvent être mis à profit: le téléphone, le mail (hameçonnage), les réseaux sociaux mais aussi les entretiens d'embauche, les contacts directs...

L'enjeu de la protection de l'information ne prend donc son sens que si ses deux paramètres vecteurs, que sont les systèmes et les personnes qui l'utilisent, sont intégrés à la réflexion et à la stratégie. Les risques sont élevés et il semble nécessaires que les organisations en prennent conscience afin de sensibiliser, former et informer leurs collaborateurs pour leur permettre d'adopter les bons gestes en cas de "sollicitations".
Ceci est particulièrement vrai en temps de crise, période pendant laquelle l'état de fatigue et de stress est accru, les modes de fonctionnement parfois dégradés, le besoin de se reposer sur l'organisation plus fort et les moyens de détection généralement dégradés.
L'intelligence économique, dans cette lutte, jouera un rôle clé car la détection des signaux faibles que génère le social engineering est compliquée et la sensibilité de veille devra être d'autant plus forte.

Pour aller plus loin :
  • C.A. Kiesler, The Psychology of Commitment, Academic Press, 1971 (anglais).
  • Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois, Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens, Presses universitaires de France, 1987.
  • Jonhattan L Freedman et Scott C Fraser, Compliance without pressure, The foot-in-the-doot technique, Journal of Personality and Social Psychology, 1966 (anglais).

Les Ecoles de formation internes : plus qu’un outil de knowledge management


Les écoles de formation internes, académies ou universités d’entreprise fleurissent en France, comme le montre par exemple l'article de Jean-Claude Lewandowski, "Le boom des universités d'entreprise", paru dans les Echos en mai 2011. Véritable prolongement de l’école elles prennent une ampleur de plus en plus importante dans les organisations et se révèlent être un véritable outil de transmission mais aussi de cohésion.

Les écoles internes présentent trois facettes distinctes :

1/ Pallier aux difficultés de recrutement
Les métiers dits « pénuriques » manquent de formations ciblées et concrètes, les RH des grandes entreprises créent alors des formations internes où les experts deviennent professeurs et les jeunes collaborateurs élèves. Les connaissances manuelles, les nouveaux métiers, les professions spécifiques à une entreprise se voient identifier, formaliser et ainsi pérenniser.
L’entreprise cible ses besoins en terme de profils et d’expertise et oriente sa stratégie de formation afin d’anticiper les difficultés de recrutement et les pénuries de profils. La transmission de savoir n'est qu'un moyen pour aider au recrutement.

2/ Professionnaliser les équipes
Contrairement aux idées reçues, on ne devient pas « savant » une fois que l’on intègre une entreprise. L’apprentissage se fait tout au long de sa carrière, le diplôme n’est plus synonyme de sagesse mais la porte d’entrée à d’autres enseignements, plus experts et ciblés. On apprend un métier à chaque changement de poste, à chaque arrivée dans une nouvelle organisation.
Par exemple, Kiabi
a mis en place des écoles internes autour des métiers du retail (management, coordination de vente, direction de magasins, acheteurs...) afin de donner à ses 7200 collaborateurs un savoir commun et fondé. Marianne Maton, directrice de l'Institut de « Formation et Développement » (IFD) de Kiabi explique : "Notre groupe est toujours dans une phase de développement important. Nous allons recruter 1 500 personnes en 2009, dont 350 cadres, ceci afin d’accompagner l'ouverture de 140 nouveaux magasins dans les trois ans. Nous avons donc beaucoup de personnel à former en même temps" (source : "Kiabi mise sur ses écoles internes de formation" par Yves Rivoal sur formaguide.com).

3/ Renforcer la culture d’entreprise et la fierté d’appartenance
Les écoles internes, lieu de passage et d’enseignement des collaborateurs sont un merveilleux vecteur de cohésion. C’est un lieu rêvé pour insuffler les valeurs, l’histoire et l’esprit d’une entreprise. Sephora a bien compris cela avec le lancement de la Sephora University dont la « vocation est de faire de chaque collaborateur un véritable ambassadeur de la marque » selon Sandrine Bécaud, Directrice de la Formation Europe (source "Des écoles internes pour apprendre la culture maison" par Christine Riste sur lsa-conso.fr). Le fait de donner un nom à l’école la différencie de l’organisation, la rend neutre et lieu d’apprentissage et de reconnaissance. Les collaborateurs ressentent l'investissement de l'entreprise en eux et sont ainsi réceptif aux messages véhiculés.

Ainsi, le management des connaissances à l’origine de la création des écoles internes se révèle être plus riche qu’il n’y paraît. En effet ces écoles internes vont plus loin que la simple transmission de savoir, elle garantit la compétitivité de l’organisation avec des collaborateurs formés et instruits et des pertes de connaissances limitées. Les experts retraités peuvent aussi devenir enseignants à temps partiel avec des contrats de "cumul emploi retraite". Mais c’est aussi un merveilleux moyen de rassembler  et de partager plus qu’un savoir métier mais une culture d’entreprise, une fierté d’appartenance et ainsi un bien être au travail.

Sources


  • Blog LSA "Des écoles internes pour apprendre la culture d'entreprise"
  • Article de Jean-Claude Lewandowski dans
  • les Echos (mai 2011) "Le boom des universités d'entreprise"
  • Blog d'Eric Blot Universités et académies d'entreprise
  • MQ

    Le compagnonnage, une tradition unique de transmission de savoir

    Le compagnonnage est la pratique de transfert de savoir et savoir-faire liés aux métiers de la pierre, du bois, du métal, du cuir et des textiles ainsi qu’aux métiers de bouche la plus reconnue.

    Pour comprendre le compagnonnage il faut remonter dans le temps. Même si son point d’origine, sa date de naissance reste inconnue on retrouve des corporations de forgerons sous les Pharaons mais aussi des collèges d’artisans de charpentiers dans la Rome antique. Paradoxalement cette pratique traditionnelle s’est vue malmenée par l’histoire : condamnée par la Sorbonne en 1655, malmenée par la période post-révolution, interdite sous l’occupation allemande, elle survit clandestinement dans les milieux ouvriers.

    Si le compagnonnage a su traverser les âges et affronter les résistances c’est que le concept va bien au delà du savoir pour englober une façon de vivre et d’être avec de vraies convictions humaines.

    Le compagnonnage se traduit par l’apprentissage d’un métier manuel ou plutôt son perfectionnement : un apprentissage pour l’excellence.  L’apprenti est guidé par un compagnon, ici pas de notion de maître ou de tuteur mais plus une collaboration et un partage. Au delà d’une technique d’enseignement ou d’un outil de transmission de savoir-faire le compagnonnage repose sur une véritable philosophie : il s’agit d’allier la manuel et la réflexion ; de perfectionner ses connaissances tout en apprenant un savoir être, humble et généreux. Le travail manuel revêt une dimension sacrée, dépositaire d’un secret le compagnon le révèle à l’apprenti par de nombreux rites.

    En plus de refuser le duo maître/ élève le compagnonnage refuse également la pédagogie prônant la théorie puis la mise en pratique. Au contraire la particularité de cette pédagogie est l’apprentissage « sur le tas » : l’aspirant se fond dans le métier, le sent et le vit, les représentations viendront ensuite. De plus, il est dans une position de perfectionnement et doit déjà être titulaire d’un diplôme (type CAP). Les critères de recrutement ne sont pas seulement la technique mais le mérite et l’envie. Les qualités techniques ne sont pas plus importantes que les qualités humaines. L’apprenti désirant devenir aspirant doit chercher la seule maîtrise du métier mais aussi vouloir la partager et la transmettre.

    L’apprenti réalise dans son initiation un Tour de France d’une durée moyenne de cinq ans afin de mieux comprendre les différents savoirs autour de son métier dans chaque atelier. Au delà du voyage c’est une initiation, une découverte du pays, des coutumes, des pratiques. Instruction et éveil de la conscience sont les mots clés de cette tradition initiatique.
    Finalement, c’est la production d’un « chef d’œuvre », évaluée par les compagnons qui validera l’apprenti et lui permettra à son tour de transmettre son savoir.

    Le tuteur, c’est-à-dire le compagnon est appelé à transmettre, il accompagne l’aspirant dans sa démarche, la transmission froide et descendante n’a pas de place dans cette pédagogie du partage qui prend la forme d’un chemin de vie.

    Le compagnon fini n’est pas celui qui n’a plus rien à apprendre mais celui qui a atteint une certaine maturité.  Le métier s’apprend toute une vie, et enseigner consiste moins à apprendre à autrui ce qu’on sait, qu’à le faire entrer dans la recherche qu’on a déjà commencé d’entreprendre. Le compagnon n’enseigne pas il accompagne. Le compagnonnage n’est pas un rassemblement de travailleurs mais une communauté.

    Le compagnonnage - inscrit au patrimoine immatériel de l’Unesco - apparaît comme la dernière communauté qui associe « la main à la pensée » c’est-à-dire une transmission à la fois de techniques professionnelles anciennes, et de valeurs humaines (solidarité, partage, questionnement existentiel...) via des rites d’initiation propres au métier. Ainsi la formation à l’excellence d’un métier est ici étroitement liée au développement individuel.

    Aujourd’hui ne pourrions-nous pas nous inspirer de cette pédagogie pour l’insuffler dans l’entreprise ? Et si le manager devenait compagnon, c’est-à-dire s’il arrêtait d’être un expert pour devenir « mature » ? S’il arrêtait d’être le supérieur pour devenir l’accompagnant ? Le manager et le collaborateur avancent ensemble sur un même chemin, ils travaillent pour la réalisation d’objectifs et se développent à travers leurs missions. Etant latent il devient nécessaire de le mettre en mot et l’incorporer dans la relation managériale, d’arrêter de dissocier le métier du développement personnel et de valoriser la patience et la relation égalitaire.

    En effet, pourquoi l’enseignement dans le compagnonnage se limiterait-il aux seuls métiers manuels et pratiques ? Nous pouvons imaginer un enseignement « sur le tas » même au sein d’une organisation, une mise en pratique directe, une immersion dans le métier dont les grandes lignes théoriques émergeront d’elles-mêmes. Ne pourrions-nous pas encourager les managers à changer leurs habitudes pour commencer par la pratique et en tirer la théorie ?

    L’héritage du compagnonnage ne devrait pas se limiter aux métiers manuels et influencer le milieu de l’entreprise autant par la relation du maître vers l’élève que par la pédagogie pratique, terrain et variée.

    Sources / en savoir plus :
    MQ

    mardi 18 septembre 2012

    Propriété intellectuelle ou Biopiraterie : les deux faces d’une même médaille

    L’appropriation du vivant 

    Définissons le cadre, la bioprospection. Elle consiste à rechercher durant l’évaluation des éléments constituant la biodiversité d’un écosystème particulier, de nouveaux principes actifs ; c'est-à-dire des molécules encore inconnues possédant des caractéristiques à valeurs thérapeutiques.  Cette activité est principalement menée par les secteurs de la pharmacologie, de la cosmétologie, de l’agriculture et des biotechnologies, ayant des intérêts scientifiques ou bien économiques dans ses débouchés.  Cependant comme un écho à Murphy et sa loi, de multiples cas recensés de bioprospection ont fait état d’une exploitation irrégulière des éléments biologique récoltés. Ces cas (cf. ci-dessous) ont notamment fait suite à un mauvais encadrement des instances publiques des régions ciblées, parfois mal préparées, ainsi qu’à un manque de réactivité des organismes internationaux. Nous ne sommes alors plus dans une action de bioprospection classique mais devant un cas de piraterie biologique. 

    La biopiraterie est un concept large méritant d’être diffusé. Ce « marché noir » de la bioprospection se développe par l’appropriation non contrôlée des savoirs biomédicaux, des ressources, des espèces naturelles, et même des gènes humains. L’exploitation commerciale des éléments précités est faîte sans autorisation ni compensation des groupes possédants ou ayants précédemment développés ces éléments.  En d’autres termes, la bioprospection certes nécessaire à l’avancée de la science, pourrait permettre une prise de contrôle lancinante sur les éléments constitutifs du vivant. On définira ici le vivant comme l’ensemble des éléments organique concourant à la création ou au maintien de toutes formes de vie.

    Le brevet, comme une arme de conquête 

    De multiples exemples de conflits anciens ou récents témoignent de ce colonialisme moderne, parfois violent, où des populations autochtones majoritairement du Sud, de l'Amérique Latine et de l’Inde, se retrouvent lésées suite à la conduite d’opérations de prospection. En Amazonie notamment, l'Ayahausca, une plante sacrée utilisée dans les itinéraires chamaniques, possède des propriétés hallucinogènes utiles à la recherche sur le cancer. Ainsi dès 1986, l’Office américain des brevets avait pu déposer un droit de propriété sur cette espèce à part entière, désignant donc une personne comme étant l’inventeur légitime de la plante. Un autre cas du genre concerne la Firme DuPont tentant d’obtenir un brevet sur une variété de maïs génétiquement modifié, mais existant déjà à l’état naturel par le fruit de la sélection naturelle. On peut également citer l’exemple du peuple San d’Afrique du Sud dans le conflit l’ayant opposé à l’Organisme paragouvernemental CSIR (Council for Scientific and Industrial Research). Comme l’illustre l’article d'Isabelle Montpetit, ce cas est typique de la non-reconnaissance de l’apport scientifique des communautés des régions ciblés.              Les chefs d’accusations qui pèsent dans le débat et dès le début des années 1980 sur les industries menant entre autre une activité de bioprospection sont complexes. Ils relèvent de l’ordre économique mais également éthique et renvoient aussi bien aux fondamentaux du droit de la propriété qu’à la notion même d’intérêt général. Ainsi, il est de fait que si un bien dît commun ou un savoir spécifique à une région ou une communauté, est réutilisé pour les raisons du progrès et donc dans l’intérêt général, il en découlerait logiquement qu’il y ait rétribution pour les précités ayant œuvrés à la reconnaissance de cette avancée. Pourtant du point de vue éthique, il reste à déterminer comment et jusqu'où peut-on s’approprier ce qui par définition appartient au bien commun, ou qui existe déjà de par lui-même comme les plantes ou les animaux, et en demander des contreparties financières pour l’usage qu’on peut en faire. Si les faits précitées sont aujourd’hui avérés et reconnus, notamment depuis la signature de La Convention sur la Diversité Biologique (CDB) en 1992, les moyens de contrôler juridiquement cette manne financière ne sont pas pour autant appropriés aux enjeux actuels et ceux à venir.

    Le rôle des parties

    Bien souvent au niveau régional, l’absence de dispositifs réglementaires nationaux adéquats et le manque d’information vers les communautés, laissent un vide comblé par des mouvements identitaires nés de luttes rurales (cf. les Sereingueiros de l’Etat de l’Acre au Brésil) ou des structures d’aide à la société comme les Organisations Non Gouvernementales ; avec une action parfois ambigüe mais certes utile pour lutter contre les actes de biopiraterie. Aussi afin d’éviter tous conflits géopolitique, le rôle du cadre juridique international que représente la CDB, aidant les uns à renforcer leurs mécanismes de défenses et de protection et permettant aux autres de clarifier leurs apports au progrès et les rétributions faites aux communautés concernées reste cruciale.  Cependant, nombre d’auteurs remettent aujourd’hui en cause l’efficacité des accords signés en 1992. Plusieurs raisons argumentent cette position. D’abord en raison du principe non contraignant de partage des avantages liés à l’activité de prospection biologique, les bio prospecteurs redistribuent rarement dans les faits leurs revenus. D’où, la récente émergence de plusieurs conflits internationaux entre tribus autochtones et industrie pharmaceutique d’extraction. De plus, certains scientifiques et ONG ont défendu l’idée que les ressources biologiques constituaient des avantages comparatifs certains pour les pays du Sud, face aux industriels. Il n’en fut rien au final quant on considère le faible pouvoirs de négociations que possède les pays désignées comme cible. Les industriels de plus en plus organisés, ont souvent à faire à un choix multiple de pays en développement, fournisseurs d’intrants et qui se livrent une réelle concurrence pour attirer les bioprospecteurs. Ainsi, toute réelle coopération pour améliorer le marché des ressources génétiques semble s’annihiler.  

    La bioprospection est sans aucun doute nécessaire à la survie de notre espèce mais doit aboutir à un équilibrage des consentements préalable à toute exploitation ainsi qu’a un partage justifié des bénéfices. Les revenus potentiels liés au secteur de la recherche médicale et de ses multiples applications sont, malgré les discours minimisant des industriels, plus que considérables.  Toutefois, on reconnaitra que le processus est long et couteux pour lancer un produit fini sur le marché et que nombre des produits développés ne seront jamais distribués. 

    PGA

    Banques et réseaux sociaux

    Les médias sociaux apparaissent incontournables pour les acteurs bancaires, tant ils sont déjà imbriqués dans la vie quotidienne de leurs clients qu’il s’agisse des achats en ligne, des loisirs, de l’information ou des services bancaires.
    L’implication sur les réseaux sociaux  favorise la proximité avec les clients finaux et les prospects et permet de gérer avec une certaine efficacité sa notoriété.
    Reste cependant la question du retour sur investissement qui demeure difficile à évaluer pour la plupart des acteurs qui s’y sont lancés jusqu’à aujourd’hui.
    Opportunités
    Pour les organismes bancaires, les réseaux sociaux représentent un nouveau canal de communication, de contact et de prospection. Créer son compte sur Twitter ou Facebook représente pour ces groupes un moyen de pénétrer un environnement propre à certains de leurs clients sur lequel ils peuvent se plaindre directement à eux, émettre leurs opinions et leurs demandes 24h/24.
    Ouvrir un compte de marque leur permet de gérer un espace dédié à l’échange, de canaliser les émissions d’avis et de développer leur image en termes d’ouverture et d’innovation, tout en gardant un certain contrôle sur les échanges (à la différence des forums indépendants par exemple).
    Depuis le 2 novembre 2010, la banque BNP Paribas a lancé son service d’assistance via Twitter, à destination de ses clients. Le fonctionnement est très simple : le client peut poser sa question sur la page Twitter dédiée, en 140 caractères maximum (comme pour tout message posté par ce canal). Un conseiller BNP lui répondra, soit sur le fil de conversation public, soit par le biais d’un message privé, selon la nature de la question.
    La réactivité reste un facteur essentiel de la satisfaction clients. En ce sens, l’intégration des réseaux sociaux représente un élément de différenciation fort par rapport aux autres canaux de communication traditionnellement utilisés par les banques.
    L’immédiateté du discours s’adapte de plus particulièrement à un public jeune, utilisateur de nouvelles technologies, et permet ainsi aux banques de toucher directement cette cible de la clientèle.
    Aboutissement
    Les comptes des banques sur Twitter notamment deviennent finalement de véritables outils de veille car ils permettent une remontée en direct des soucis que peuvent rencontrer les clients.
    Face à la croissance de l’intégration des groupes financiers et organismes bancaires sur les réseaux, certains groupes vont même  plus loin en développant leur propre réseau social, à l’image de la Banque Accord qui a ouvert sa première communauté en ligne baptisée « La vie simple et smilling », un espace, lancé en version bêta, réservé à l’échange entre particuliers et au financement de projets en CtoC.

    mercredi 12 septembre 2012

    Intelligence Economique au Japon : JETRO, un système d'intelligence économique redoutable? (2)

    Consulter la première partie de cet article : "Intelligence Economique au Japon : JETRO, un système d'intelligence économique redoutable? (1re partie)"

    JETRO et ses activités

     

    Ses activités principales: 

     

    JETRO est une organisation pour la promotion du commerce international et de l'investissement entre le Japon et le reste du monde. A sa création, les activités de JETRO étaient principalement basées sur la promotion de l'exportation japonaise vers l'étranger, mais ensuite elles se sont dirigées aussi vers la promotion de l'investissement direct étranger au Japon (par exemple, IBSC Invest Japan Business Support Center vous aide pour démarrer votre business au Japon) et l'assistance aux PME japonaises pour maximiser leur potentiel en exportation.

    En plus, JETRO facilite le développement de l'économie dans les pays en voie de développement notamment par la promotion du commerce international (par exemple, African Business Frontline with Jetro): il aide et conseille les entreprises japonaises à l'étranger pour son développement et aussi la protection de la propriété intellectuelle. En ce qui concerne la protection de la propriété intellectuelle,  IIPPF, The International Intellectual Property Protection Forum a été créé en 2002 afin de résoudre les problèmes de produits contrefaits ou piratés essentiellement en Chine.

    Bien sûr, JETRO a une position unique pour fournir les informations en rythme permanent et une capacité de recherche et d'analyse, grâce à son réseau global qui couvre les quatre coins du monde. Il fournit les informations sur les industries, les marchés, les conditions de commerce international et investissement à travers le monde. En conséquence, les entreprises japonaises bénéficient des informations sur l'économie internationale même en quittant le Japon.

    IDE (Institute of Developing Economies) conduit des recherches sur des sujets économiques, politique et sociétales dans les pays en développement (en particulier sur l'Asie, mais aussi sur l'Amérique latine, l'Afrique, le Moyen-Orient et l'Asie centrale). A travers ses recherches, IDE contribue à la coopération internationale économique notamment avec les pays en développement.

    JETRO organise aussi des séminaires et des conférences, salons professionnels et des expositions régulièrement.

    Distribution des informations par des canaux multiples


    Les informations et les analyses du JETRO sont communiquées par différents canaux ( newsletter, publications, revues...) et le site web du JETRO contient énormément d'informations sur les conditions économiques, aussi bien que les systèmes de commerce international et d'investissement.

    Voici quelques exemples :
    • JETRO Daily "Tsusho Kouhou 通商弘報" : payant (environ 350 euros / an), on reçoit des informations 1 fois / jour par mail, uniquement en japonais.
    • JETRO SENSOR : payant, revue mensuel, en japonais. existe en version papier et en version numérique. 
    • TTPP (Trade Tie-up Promotion Program) : un site (en anglais et en japonais) pour trouver des partenaires commerciaux pour les affiaires internationales. 
    • J-mess Online Trade Fair Database : données sur les expositions et les salons dans le monde. (en anglais) 
    • Newsletter (en angalis) : pour recevoir les dernières informations en anglais pour faire du business au Japon, les dernières nouvelles sur la tendance des affaires internationale ou encore les informations sur les évènements organisés par JETRO dans le monde entier.

    Quelques rapports et les données :

    On peut donc constater que le JETRO contribue à l'exportation japonaise ainsi que la promotion des investissements étrangers en favorisant les échanges commerciaux, tout en développant ses réseaux dans le monde pour une meilleurs acquisition des informations. Ses analyses et les modes de diffusion sont efficaces avec une actualisation très fréquente. Il a un rôle majeur pour un contexte actuel de mondialisation d'où la nécessité de développer de plus en plus des relations commerciales avec les pays étrangers.

    En savoir plus :

    mardi 11 septembre 2012

    Intelligence Economique au Japon : JETRO, un système d'intelligence économique redoutable? (1)

    JETRO (Japan External Trade Organization) a souvent une réputation démesurée qui fait sourire les japonais : Guy Faure écrit dans son article que "la réputation (de JETRO) est surfaite pour les hommes d'affaires japonais et ceux qui travaillent dans des PME", alors que " les occidentaux classent volontiers le JETRO comme la plus performante des grandes centrales du renseignement".

    A l'époque où la théorie de menace japonaise circulait, certains livres décrivaient JETRO comme un service de renseignement très puissant : Brian Freemantle (écrivain anglais) ou encore Erich Schmidt – Eenboom (journaliste et historien allemand qui a écrit un livre sur la guerre économique et les services de renseignement dans lequel il consacre une partie à JETRO.) seraient en partie à l'origine de la réputation surfaite de JETRO.

    Alors, qu'est-ce que le JETRO? Comment a-t-il été créé? Et comment fonctionne-t-il?

    Contexte d'après guerre au Japon 


    Le JETRO a été créé en 1951 sous sa première forme. Donc, il est important de rappeler le contexte du moment :

    Le Japon a connu un changement radical après la défaite de la Seconde Guerre Mondiale : les deux bombes atomiques à Hiroshima et Nagasaki ont mis fin à l'ambition hégémonique du Japon. Le 15 août 1945, l'empereur Hirohito annonce l'acceptation de la Déclaration de Potsdam, ensuite l'acte de capitulation a été signé le 2 septembre 1945. A partir de ce moment-là, le Japon a été sous occupation des Forces Alliés commandé par général Mac Arthur (GHQ/SCAP, General Head Quarters, the Supreme Commander for the Allied Powers) jusqu'en 1952.

    La reconstruction du Japon a été faite essentiellement par les Etats-Unis. L'objectif de GHQ était de démilitariser et démocratiser le Japon. La nouvelle Constitution a été créée avec l'initiative de GHQ. L'article 9 a été introduit pour garder le Japon désarmé et qu'il renonce à la guerre pour toujours.

    GHQ a introduit des systèmes pour la démocratisation économique ( 経済民主政策, keizai minshu seisaku). La démantèlement des Zaibatsu a été un de leurs objectifs. (GHQ pensait que les Zaibatsu contribuaient énormément au militarisme japonais pendant la guerre et qu'en les démantelant il supprimerait ce militarisme) : Par exemple, on peut citer la création de HCLC (Holding Company Liquidity Committee, 持株会社整理委員会, mochikabugaisha seiri iinkai ) en 1946, la promulgation de la loi de déconcentration de puissance des grandes entreprises ( Excessive Economic Power Deconcentration Law, 過度経済力集中排除法, kato keizairyoku shuchu haijo ho ) en 1947.


    Avec ce changement sans précédent, du militarisme au pacifisme, le premier ministre de l'époque, Shigeru Yoshida (en poste de premier ministre de mai 46 à mai 47, ensuite d'octobre 48 à décembre 54), a mené une politique misée sur le développement économique (Yoshida Doctrine).

    Histoire du JETRO 

     

    Sa création

     

    Le JETRO a été créé sous forme de fondation en 1951 avec l'initiative de Japan Foreign Trade Council (日本貿易会, nihon boeki kai (1), en prenant exemple du BETRO (British Export Trade Research Organization). Le siège se situait à OSAKA (la ville connue pour sa qualité de commerçants) et se nommait Japan Export Trade Research Organization (海外市場調査会, kaigai shijo chosakai, organisation de recherches sur les marchés extérieurs).

    En 1954, il devient Japan External Trade Recovery Organization / JETRO, suite à l'intégration de deux autres organisations (Conseil pour les salons internationaux 国際見本市協議会 et Conseil pour la promotion du commerce international 日本貿易斡旋所協議会). Michisuke Sugi (qui a été président de la Chambre de Commerce et d'Industrie d'OSAKA) était nommé président.

    En fait, Michisuke Sugi était une personne qui a beaucoup contribué dans le monde économique au Japon (surtout à OSAKA) avant, pendant et après la guerre.

    Michisuke Sugi et JETRO


    Dans l'article du OSAKA Archives No.43 ( 大阪あーかいぶず 43号) de la préfecture d'OSAKA,  on décrit en détail l'état de la ville d'OSAKA avant, pendant et après la guerre, ainsi que la vie de Michisuke Sugi et ses contributions au développement de l'économie d'OSAKA : la ville d'OSAKA, connue comme ville de commerce et d'industrie, était la plus grande ville du Japon dépassant Tokyo en 1925 (en terme de  population, OSAKA était classé en 6e dans le monde à l'époque). Mais, subissant une vingtaine de bombardements (entre janvier et août 1945), elle a été complètement détruite. La ville si prospère est devenue ainsi une ville à reconstruire.

    Sugi (né en 1884) s'installe à OSAKA en 1912, pour travailler dans une maison de commerce spécialisée en filage textile (à l'époque très développé à OSAKA) dont son beau-père était gérant, et s'introduit dans le milieu des affaires. En 1929, Il est devenu membre de la Chambre de Commerce et d'Industrie d'OSAKA. Il succède aux postes à responsabilité et devient en 1941 vice président. Pendant ce temps, il doit faire face aux difficultés de l'industrie à OSAKA en période de guerre. Il voulait notamment construire une structure solide pour gagner la guerre, comme le partenariat public-privé, tout en gardant le libéralisme (il était contre le contrôle d'Etat excessif). Il souhaitait le changement structurel de l'industrie d'OSAKA.

    Mais, en 1943, la Chambre d'Industrie et de Commerce d'OSAKA est entrée sous contrôle d'Etat. C'est après la guerre, en septembre 1946, qu'elle a repris ses activités. Sugi a été nommé président en 1948. Il a créé plusieurs commissions spéciales face aux problèmes économiques dans la période d'occupation, en faisant des propositions concrètes. Il était persuadé que le tandem économie-politique est nécessaire pour un énorme projet comme "reconstruction" et qu'il faut la promotion du commerce international pour la reconstruction et l'indépendance du pays. Il a ensuite créé le JETRO en 1951.

    Sugi s'est activement investi au développement économique d'OSAKA et sa région, mais aussi du Japon avec son engagement et sa motivation jusqu'à sa démission du poste de président de la Chambre de commerce et d'industrie d'OSAKA en 1960. Il reste président du JETRO jusqu'à la fin de sa vie (1964).

    Son évolution


    En juillet 1958, le gouvernement reconnaissant l'importance de la promotion de l'exportation, décide une réorganisation. JETRO devient  Japan Export Trade Promotion Agency/ JETRO  (sous forme d'agence spéciale 特殊法人 attaché à MITI, Ministry of International Trade and Industry, avec 100% de financement par le gouvernement).

    En 1961, l'appellation anglaise est devenue Japan External Trade Organization/ JETRO.

    En 1998, Institute of Developing Economies a été intégrée au JETRO.

    Depuis 2003, JETRO a un statut comme Institution administrative indépendante (IAI, Independent Administrative Institution, 独立行政法人, dokuritsu gyosei hojin) sous tutelle de METI (Ministry of Economy, Trade and Industry.) (2) (3)

    La structure du JETRO


    JETRO a son siège à Tokyo, mais aussi à Osaka (en raison de sa première création à OSAKA). Il existe IDE-JETRO (Institute of Developing Economies) et 36 bureaux régionaux au Japon. Il possède également 73 bureaux dans 55 pays. 1545 personnes travaillent pour JETRO dans le monde, dont 824 au Japon et 721 à l'étranger. (chiffres avril 2011)

    JETRO a également 2 bibliothèques (à Tokyo et à Osaka) qui ont une large gamme de ressources concernant le commerce international, le business et l'investissement : des livres en japonais et en langues étrangères, des journaux et des magazines, base de données commerciale….

    Il est présidé, depuis novembre 2011, par Hiroyuki Ishige (Ancien Vice-Minister for International Affairs, Ministry of Economy, Trade and Industry).

    (1) En vue de la reprise du commerce international dans le secteur privé en août 1947, Japan Foreign Trade Council avait été créé en juin 1947, en fusion de 4 organisations travaillant pour la promotion du commerce international.
    (2) JETRO est une des 11 IAI sous tutelle de METI. (chiffre avril 2012)
    (3) MITI est devenu METI en 2001.